Les contours du réalisme dans le cinéma d'Icíar Bollaín”, Icíar Bollaín

Abstract

Le cinéma moderne – a écrit, non sans ironie, le réalisateur Hernan Rosselli - semble pouvoir se définir selon des caractéristiques nationales : « Le cinéma roumain, préoccupé par la durée réelle de la prise de vue, le cinéma iranien où se croisent constamment le cinéma et la vie ; le cinéma oriental, entre le minimalisme national et l’expressionnisme d’un cinéma de genre dégénéré ; le cinéma des Philippins, excentrique et précoce ; la théâtralité portugaise ; le réalisme grec de laboratoire » (Rosselli, 2016 : 19). À ce bref survol du cinéma actuel qui essaie de proposer des formules alternatives au réalisme hollywoodien, Rosselli ajoute la docufiction argentine, et nous, nous pourrions ajouter, comme forme de réécriture des conventionnalismes classiques, le réalisme timide du cinéma espagnol. C’est le critique Angel Quintana (2008 : 120) qui a proposé cette dernière catégorie pour définir le style cinématographique d’une génération de cinéastes espagnols des années quatre-vingt-dix qui ont voulu concurrencer Hollywood en cherchant un nouvel équilibre entre l’artificiel et le réel : Icíar Bollaín (Flores de otro mundo, 1999), Benito Zambrano (Solas, 1999), Fernando León de Aranoa (Barrio, 1998) et Archero Mañas (El bola, 2000), entre autres, sans renoncer à la fiction, ont essayé de revisiter la façon dont le cinéma pouvait dire des choses sur la réalité espagnole contemporaine sans tomber dans l’illusion de vérité du cinéma documentaire.